CONSEILS POUR PRÉSENTER UNE COLLECTION


une page de présentation
Collectionner c'est, souvent, présenter ses collections. Pour soi, pour son plaisir propre, ou pour les autres afin que la philatélie soit aussi un instrument de partage et de communication.

Mais "présenter" c'est - qu'on le veuille ou non - accepter quelques contraintes ... qui sont celles inhérentes à tout travail destiné à être lu, et apprécié, par d'autres : en gros il faut qu'une présentation soit attirante ("sexy") et pédagogique (il faut qu'elle apporte quelque chose). Et c'est là que le bât blesse car certains philatélistes, aussi compétents soient-il, ont parfois du mal à réaliser des présentations qui répondent à ces critères.

On ne saurait pourtant insister assez sur les mérites d’une "Présentation philatélique personnalisée" harmonieuse - concoctée par le collectionneur lui-même - de ses pièces favorites. Un tel montage ne peut être qu'une entreprise extrêmement valorisante au plan philatélique. Il faut bien reconnaître que cela demande du temps, de la détermination, un peu de méthode et de créativité, mais le résultat en vaut toujours la peine, que l’on décide ou non, ensuite, d’exposer le fruit de ses efforts.

Pourtant, force est de constater que beaucoup de collectionneurs redoutent encore de franchir le pas, faute de bien saisir l’intérêt de telles présentations ou par crainte de ne savoir comment s'y prendre pour réaliser ce montage.


Cet article est donc consacré à donner quelques indications - issues de l'expérience de certains philatélistes - permettant d'embellir et bonifier ses collections en leur donnant des écrins à la hauteur de leurs contenus.



    LES PRÉSENTATIONS PERSONNALISÉES


    Pourquoi présenter une collection ?


Il y a au moins cinq bonnes raisons pour se lancer dans la présentation de collections :

  • Monter pour embellir :

    La première motivation est sans doute celle qui consiste à vouloir créer un ensemble unique et personnel à partir des pièces rassemblées. Le montage est en effet, pour le collectionneur, l’occasion d’apposer une touche personnelle, révélatrice de ses choix et de ses goûts, dans la présentation de ses collections favorites.

    Si les albums à cases pré-imprimées sont souvent considérés comme une référence esthétique (en tous cas par ceux qui décident d’y investir des sommes rapidement rondelettes), ils ne se prêtent pas à la personnalisation de beaucoup de nos collections, y compris les plus traditionnelles. Les classeurs à bande sont, quant à eux, pratiques, mais eux aussi ne peuvent pas être adaptés facilement à la présentation méthodique de collections thématiques, d’histoire postale ou de marcophilie, qui font appel à des documents très divers par leurs formats et leur nature.

  • Monter pour enrichir :

    Une collection ne devrait pas être une simple accumulation d’objets ayant un ou plusieurs points communs. C'est d’abord et avant tout un ensemble ordonné, dont les différents composants ont été choisis par le collectionneur.

    Une collection a souvent d’autant plus d'intérêt et de valeur (dans tous les sens du terme) qu’elle couvre de manière aussi complète que possible le champ d’investigation traité : de fait la valeur d’une collection complète est ainsi bien supérieure à la somme des valeurs individuelles des pièces qui la compose.

    Monter une collection permet aussi d’aborder autrement des sujets communs. Par exemple, une collection de timbres d’usage courant peut se résumer à réunir un exemplaire de chaque valeur. Si ceci peut représenter un investissement financier assez considérable - en particulier pour les émissions classiques - quelques pages d’album pré-imprimées suffiront à l’accueillir. Pour qui souhaite agrémenter une telle collection d’essais, de nuances de couleurs, de variétés, d’oblitérations spéciales, voire de timbres sur lettre, qui ne peuvent pas être rangés de la même façon, une présentation spécifique, que seul le collectionneur est à même d’effectuer, est indispensable.

    Par ailleurs, monter une collection à un stade assez précoce du développement de celle-ci est un excellent moyen pour identifier précisément ce que l’on possède, et donc ce qu’il serait bon d’acquérir par la suite pour compléter l’ensemble. Ce montage permet ainsi de cibler les recherches (… et les achats) vers des pièces possédant des caractéristiques particulières, et qui seront complémentaires (et non redondantes) de celles que l’on possède déjà.

  • une page de présentation
    Présentation personnalisée minimale qui permet néanmoins de pouvoir présenter les différents types et sous-types d'un même timbre (ce qui n'est pas toujours réalisable avec les feuilles pré-imprimées) ... le tout pour un coût minime.


  • Monter pour apprendre :

    Monter une collection suppose, à la différence de la simple accumulation même ordonnée, un choix et une explication des pièces qui y sont contenues.

    Cette explication peut souvent, et en tous cas au début, être simple. Par exemple il peut s'agir de préciser la date d’émission et l’intitulé d’un timbre ou d’une série. Mais dans de nombreux cas - ou lorsqu'on s'est pris au jeu - elle peut être la synthèse d'une importante recherche documentaire amont (étude des tarifs, des conditions d’émission, particularité d’emploi...). Cela est surtout vrai pour les monographies ou les collections spécialisées.

    Monter sa collection est donc bien souvent, pour le collectionneur, l’occasion de disséquer ses possessions, d'en comprendre le sens (pourquoi ce timbre ? pourquoi ce cachet ?) et d’enrichir ainsi peu à peu sa culture philatélique (... voire sa culture générale).

  • Monter pour communiquer :

    timbré
    Monter une collection, c’est aussi - et peut-être surtout - raconter une histoire. Les commentaires que le collectionneur adjoint aux pièces qu’il monte sont autant d’éléments qui permettront de partager cette histoire avec d’autres, philatélistes ou non, qui se plongeront dans ces pages.

    C’est donc un moyen de choix pour attirer vers notre loisir favori un nouveau public et lui faire mieux apprécier pourquoi nous sommes tous un peu ‘timbrés’.

    Enfin, il ne faut pas négliger le fait qu’une collection montée sera plus "lisible" et donc plus facile à négocier le jour où il faudra s’en séparer. Un expert y repérera plus aisément la valeur des pièces individuelles et la plus-value de l’ensemble, et une telle collection sera également plus facilement abordable par des acquéreurs potentiels.


  • une page de présentation
    Autre exemple de personnalisation : elle est beaucoup plus élaborée mais est incontournable dès lors qu'on se lance dans une monographie sur un timbre ou une série de timbres particulière. Outre le simple plaisir de l'œil, l'enrichissement philatélique est incontestable.


  • Monter pour exposer :

    Communiquer c'est souvent exposer. A titre libre et "gratuit" ou alors dans un contexte compétitif. Mais beaucoup de collectionneurs ne participent pas aux expositions et aux compétitions philatéliques et c’est dommage !

    Pour ceux qui veulent se frotter aux regards des jurys et des visiteurs des expos il n'y a pas d'alternative : ils doivent impérativement passer par la phase essentielle du montage afin de présenter une histoire qui soit à la fois intéressante pour les non-initiés que sont les visiteurs que pour les initiés que sont les philatélistes.

    Dans ce contexte, les règles de montage sont effectivement plus draconiennes et il faut s'y plier. On sort alors, c'est vrai, du simple désir de personnaliser ses collections Mais c'est le propre de tout sport d'imposer des règles et il ne viendrait à l'idée d'aucun sportif de refuser de participer à une compétition du fait qu'il y a des règles à respecter.



une page de présentation
Une présentation personnalisée qui se lit comme un livre et qui ne peut que donner envie d'en savoir plus.


Livre sur la thématique
Il n'existe pas, à notre connaissance, d'ouvrage indiquant les règles formelles à respecter dans le montage d'une présentation générale. Mais le livre "La philatélie thématique" est en grande partie consacré à ce sujet et les solutions préconisées, certes orientées pour une présentation thématique, sont en grande partie transposables à d'autres types de présentations.







    Quelles collections monter ?


La réponse est simple : toutes ! Toute collection a en effet à gagner à être montée (à défaut d'être montrée), qu'elle soit ensuite qualifiée de "traditionnelle", "d'histoire postale", de "maximaphilie", "d'aérophilatélie" et bien sûr de "thématique" (y compris si elle fait partie de la nouvelle catégorie dite "classe ouverte").


Dans tous les cas, le montage aboutit à un – ou des - ensembles cohérents couvrant tout ou partie du sujet de la collection. Ainsi, une collection thématique sur les chemins de fer peut aboutir à la constitution d'une seule présentation personnalisée d’ensemble, ou à celle d'une série de présentations personnalisées spécialisées (les réseaux ferrés, le matériel roulant, etc.), combinables entre elles. Ces présentations peuvent être préparées et appréciées séparément et sont, par nature, extensives à l'infini et ont donc pour vocation à être exhaustives. Cela permet aussi de répartir les pièces – mais aussi le temps de montage - sans forcément reprendre la totalité du montage lorsque de nouvelles acquisitions viennent enrichir la collection.

Si le montage personnalisé est réalisé dans le but d'aboutir au final à une présentation publique on pourra adopter une stratégie plus sélective et se contenter de réaliser un montage couvrant le sujet en un nombre de pages limité. Mais ces pages sont alors composées de documents particulièrement représentatifs et incontournables.

Dans les faits l'un n'exclut pas l'autre et tout collectionneur peut commencer en montant une collection extensive sur un sujet donné ("tout sur …") correspondant plutôt au développement personnel et approfondi d’un sujet où le nombre de pages et le ‘poids philatélique’ (rareté des pièces, condition de conservation, etc.) de chacune ne sont pas des critères limitatifs. Il peut ensuite extraire de cet ensemble les documents les plus représentatifs pour constituer une présentation destinée à être montrée au plus large public. Il faut alors veiller à ce que les titres, chapitres et développements restent cohérents entre eux, faute de quoi la lecture de la présentation compétitive sera un peu décousue.



une page de présentation
Les présentations personnalisées permettent de décrire précisément les plis postaux .


une page de présentation
Un philatéliste breton bien connu a su, tout au long de sa longue vie philatélique, raconter de belles histoires aux hasards de ses centres d'intérêts. Que seraient devenues toutes les connaissances accumulées au cours de ces décennies s'il n'avait pas eu cette volonté du partage ?




    L'esprit d'une présentation


Réaliser une présentation philatélique, dans un but compétitif ou non, c'est avant tout "raconter une histoire". Avec le double but que cette histoire soit attirante, compréhensible et pour tout dire instructive pour les non-initiés fréquentant une exposition tout en restant attrayante pour les philatélistes - voire les jurés - en leur montrant des documents intéressants, instructifs voire innovants.

C'est donc dans ce double but qu'il faut envisager toute présentation. On ne présente pas pour soi mais pour les autres.

Mais raconter, avec un support visuel, une histoire c'est bien encore faut-il que la narration soit suffisamment construite et cohérente, tant sur le fond que sur la forme, pour ne pas laisser en route la plupart de ceux qui auraient entrepris de la regarder. Les sujets évoqués étant pour certains relativement arides il faut faire preuve de trésor d'imagination et d'un minimum de pédagogie pour maintenir l'intérêt tout au long des cadres qui se succèdent.

On peut généraliser sans grands changements à toute présentation philatélique la définition donnée traditionnellement à la philatélie thématique : "Une présentation développe un thème ou illustre une idée selon un plan logique en se servant des possibilités offertes par les timbres et les divers documents philatéliques et postaux".

Pour arriver à ce but il n'y a rien d'exceptionnel et le respect de certaines règles générales de construction de documents, appliquées à bon escient (avec une dose de personnalisation pour se démarquer des autres), est garant d'un succès certain.

Certes on a pu constater des évolutions quant à la manière de présenter des sujets philatéliques au cours des dernières années et il y en aura certainement encore d'autres. Par exemple l'avènement puis la généralisation des outils d'édition informatisés a fortement modifié certains aspects du montage d'une présentation. Mais l'essentiel demeure ("raconter une histoire … intéressante") et les règles qui doivent être appliquées pour y arriver sont surtout le fruit d'un certain bon sens.





    LES PRÉSENTATIONS COMPÉTITIVES



Les philatélistes ont un gros défaut (le seul ???) : ils ont tendance à pratiquer leur loisir en solitaire et répugnent souvent à montrer leurs collections à leurs pairs ou à des non-initiés. Cette attitude n'aide pas à la promotion de la philatélie.


Imagine-t-on un sport où il n'y aurait pas de match ou de compétitions, pas de spectateurs et qui se pratiquerait dans un cercle restreint d'initiés ?


Dans un monde où ce qui n'est pas vu n'existe pas, cette attitude est contre-productive. Heureusement il y a des philatélistes qui continuent à monter ... et à montrer leurs travaux philatéliques lors d'expositions, compétitives ou non.

Il s'agit essentiellement de montrer au plus grand nombre les richesses insoupçonnées de la philatélie. Bien sûr il y a l'aspect compétitif qui peut déplaire à certains mais on peut réellement se faire plaisir à participer à ces manifestations, en tout cas au niveau local et régional. Pour les niveaux supérieurs (national voire international) on change il est vrai de catégorie et c'est en athlète aguerri et prêt aux efforts et aux sacrifices qu'un compétiteur doit alors se préparer.

Il n'existe pas une activité, un sport ou un art où il ne faut pas, à un moment ou à un autre, se confronter à d'autres. Sous forme d'un concours, d'un tournoi ou autre. La compétition est source d'émulations et d'enrichissements réciproques et la refuser par principe n'est pas raisonnable.




Qui dit présentations compétitives dit "règles à respecter". Des règles strictes qu'il faut accepter sous peine de disqualification. Dans tout ce qui suit nous n'aborderons pas les phases préalables à la phase de montage :

  • Celle du choix du sujet de la présentation.
    Compte tenu des efforts à mener pour aboutir à une présentation achevée il est plus que souhaitable qu'il corresponde à un centre d'intérêt personnel. De ce choix dérive directement, dans l'immensité des cas, la "classe" dans laquelle - le cas échéant - la présentation concourra lors des expositions compétitives.

  • Celle - oh combien passionnante mais pouvant être très longue !!! - du collectage des pièces et du recueil des informations et documents afférents au sujet.

  • Celle des tris dans tout le matériel accumulé et des différentes élaborations de scénarios aboutissant à la décision finale de monter une présentation sur un thème donné (souvent différent d'ailleurs, car défini alors avec plus de précision, que le sujet initialement prévu).


Plaçons nous donc au début de la dernière ligne droite : celle qui va aboutir au montage définitif de la présentation.

Tout au long de cette phase préparatoire il va falloir se plier aux règles explicites et implicites des compétitions philatéliques, tant sur le fond que sur la forme.
C'est à dire respecter :
  • Le canevas général imposé à toute présentation de quelque type qu'elle soit (découpage en chapitres, rédaction d'un plan initial, ... ).

  • Certaines règles formelles (nombre de feuilles à créer, règles de présentations des différents documents, règles de lisibilité globale, ... ).

  • Respecter certaines règles quant aux pièces philatéliques à présenter (ou à ne pas présenter).

Dans ce canevas imposé le philatéliste compétiteur a tout loisir de faire preuve d'originalité en agrémentant sa présentation de diverses manières afin de maintenir l'intérêt de cadre en cadre : 4, 5 voire 6 à 8 cadres c'est long et il faut faire effectivement preuve de beaucoup d'imagination pour ne pas rompre le fil qui lie de manière invisible le visiteur (ou le juré) à la présentation et ne pas le "perdre" en route.




    Structure générale d'une présentation


Une présentation philatélique se doit d'être structurée. Pour les bonnes raisons qu'elle s'adresse au plus large public et que les sujets abordés sont parfois peut attirants de prime abord. Il faut donc que le public puisse se repérer tout au long de la présentation et rien n'est plus efficace pour cela qu'une certaine structuration de l'ensemble. Une présentation est donc composée :

  • D'un plan initial que l'on peut considérer comme le sommaire expliquant brièvement le but de la présentation et ce qu'on y trouve.

  • D'un certain nombre de chapitres (fonction du sujet abordé). Ces chapitres doivent être, autant que possible, équilibrés entre eux.



  • Le titre

    Le titre est la carte d'identité de la présentation. Il doit être choisi après mûres réflexions car il doit indiquer précisément ce dont il va s'agir. Ni plus, ni moins : On ne doit pas évoquer un sujet général dont seuls certains aspects seraient traités et tout ce qui est dans le titre doit se retrouver dans la présentation … et réciproquement.

    Par exemple : Le titre "Les vins de France" imposera de se limiter aux vins élaborés dans notre pays, ce qui est vraisemblablement voulu par le créateur de la présentation, mais aussi empêchera de présenter des pièces ayant trait aux alcools et autres produits dérivés.


  • Le plan

    Le plan constitue le point d'entrée dans l'histoire qui va être racontée. Il doit être réalisé avec une très grande précision (souvent en dernier).

    Il s'agit de décrire succinctement mais précisément les différentes parties constitutives de la présentation ainsi que leurs interdépendances et leur enchaînement. Il doit permettre d'appréhender immédiatement le fil conducteur qui sous-tend la narration et qui permettra au public de suivre l'histoire de bout en bout sans que son intérêt faiblisse. Le règlement de compétition impose que les chapitres et sous-chapitres soient suivis par le numéro des pages de présentation auxquels ils correspondent.

  • Plan d'une présentation
    Plan d'une présentation
    Le titre et le plan peuvent être inscrits sur la même page mais ce n'est pas une obligation.




  • La structure de la présentation

    Une présentation compétitive fait partie d'une classe en fonction du sujet traité. Dans pratiquement tous les cas sa structure se rattache plus ou moins à celle développée pour présenter une des trois classes de base :

    • Les monographies (classe "philatélie traditionnelle") : Il s'agit dans ce cas de présenter des documents relatifs aux conditions de fabrication d'un timbre-poste (ou d'une série de timbres) depuis sa conception jusqu'à sa mise en vente. Dans ce cas le plan est très rigide. C'est même un plan type, une partition quasi imposée, qui ne souffre guère de variation :
      - Contexte historique de la réalisation.
      - Description des différentes phases de la réalisation du ou des poinçons : présentation des différents documents créés à cette occasion – maquettes, épreuves d’artiste ou d’atelier, bons à tirer, feuilles témoins, essais de couleur, épreuves de luxe, etc.
      - Fabrication et impression (tirage à plat, ou rotatif, ou les deux, en typographie, lithographie, taille douce ou héliogravure), avec présentation des millésimes ou des coins datés et, le cas échéant, reconstitution des cylindres d'impression. Ne pas oublier le cas échéant une étude des papiers et des filigranes. Inclure également les différentes présentations possibles ( feuilles, roulettes, carnets, entiers postaux, ... ).
      - Types et états.
      - Variétés constantes et/ou accidentelles.
      - Timbres-poste dérivés (timbres surchargés, surchargés ANNULÉ ou SPÉCIMEN, timbres émis dans d'autres pays ou colonies, …)


    • L'histoire postale : L’histoire postale traite de l’étude des conditions d'acheminement et de distribution du courrier.
      De très nombreuses collections d’histoire postale s’intéressent exclusivement aux marques postales, sans intervention des timbres-poste. C’est le cas de toutes celles qui traitent de la période pré-philatélique, mais aussi de celles qui s’intéressent aux empreintes de machines à affranchir, aux oblitérations, etc…
      D’autres ont pour objet les utilisations postales d’une émission ou d’un timbre, en recherchant alors les dates extrêmes d’utilisation, les différents tarifs, les oblitérations, etc…

      Ces présentations ont aussi un plan rigide qui suit souvent, soit le contexte historique de la période étudiée, soit les variations dans les modes de transport du courrier, soit enfin la chronologie des introductions des marques postales faisant l’objet de l’étude. Comme pour toute collection historique, la période considérée est en général déterminée par les évènements marquants correspondant au sujet traité : émission de timbres, mise en service de marques particulières, introduction ou changement des règlements postaux généraux ou spécifiques, modification des conventions postales, voire évènements historiques non postaux ayant eu des conséquences postales (guerre, annexions de territoires, introduction de nouveaux modes de transport, etc.).

      REMARQUE : Dans les présentations de niveau local ou régional il est encore toléré, voire conseillé, que soit inclus dans une présentation de type monographique un chapitre sur les utilisations postales des différentes valeurs étudiées, avec les tarifs pour lesquels ces timbres ont été émis. L’étude est cependant généralement moins poussée que dans une collection d’histoire postale qui elle passera sous silence les phases de conception et de fabrication des timbres et se concentrera sur leurs différents usages lors de leur période de validité.
      Dans les présentations de niveau supérieur il faut faire un choix : Soit on fait une monographie soit on fait une présentation d'histoire postale.


    • Les présentations thématiques : Il s'agit alors de développer un thème ou une idée (la plupart du temps "non philatélique") en se servant des possibilités offertes par les timbres et les divers documents philatéliques et postaux.

      Dans ce cas, l'imagination est reine et les seules contraintes auxquelles doit se conformer la collection sont celles qui sont communes à toute présentation, philatélique ou non. Elle doit donc, comme toute autre présentation comporter un sommaire et une introduction, et être découpée en parties constitutives qui s'enchaînent logiquement.



  • Les présentations des toutes les autres classes ont des structures qui se rattachent plus ou moins naturellement à celles de ces trois catégories : Les classes ouvertes ne sont que des présentations thématiques (ou, plus rarement, d’histoire postale) dans lesquelles on peut utiliser des documents non philatéliques. De même, les présentations de la classe "maximaphilie" ont une structure qui les rapproche des présentations thématiques et les présentations "Polaires" peuvent, selon le sujet réellement traité, être vues comme une présentation de type "histoire postale" ou comme une présentation "thématique".




    Ce qui se présente … et ce qui ne se présente pas


La question peut surprendre et n'a de sens que si on s'avise à vouloir présenter sa collection en compétition car autrement on peut collectionner ce qu'on veut du moment qu'on y trouve son compte.

Par contre, dans un contexte compétitif il faut revenir aux fondamentaux et, en dehors des cas spécifiques de la "classe ouverte", des "cartes postales", des "timbres fiscaux" et de l"érinnophilie", aux règles spécifiques, s'astreindre à ne présenter que des documents ayant une origine et un usage réellement postaux. Cela peut paraître une lapalissade mais ce n'est pas trahir un secret de dire qu'il y a une différence non négligeable entre ce qu'on peut considérer comme "document postal" et ce qu'on qualifie pudiquement de "philatélique" avec les connotations de "produit fabriqué" voire "produit abusif" qui vont de pair.

Il est donc important de connaître les limites, parfois subtiles, qui existent entre les documents ayant un caractère postal (ils ont été créés puis utilisés dans le cadre d'un service postal bien défini) … et les autres.

Donc, quelle que soit la classe de présentation, il faut s'assurer que le document devant être présenté a bien une réalité postale. Si cela semble évident pour une présentation de type "monographie" ou "histoire postale", les choses sont plus complexes dans le domaine thématique.

Dans tous les cas doivent être éliminés toutes les "vignettes" à apparences de timbres-poste imprimés par des sociétés (en général anglo-saxonnes) pour des pays imaginaires ou au profit de gouvernements fantoches qui n'ont jamais existé. Il existe même des timbres émis au nom de pays officiels … réalisés sans leurs accords.

Il faut aussi éviter de présenter les émissions dites "abusives" dont la liste est tenue scrupuleusement à jour par les hautes autorités philatéliques. Il s'agit en particulier des émissions dont le coût d'achat est manifestement disproportionné par rapport à leur pouvoir d'affranchissement.

Font partie de ces émissions :

  • timbre Pétain GF
    Ce timbre de 1943 est considéré officiellement comme faisant partie des émissions abusives du fait de sa surtaxe élevée de 3,50 F prohibitive par rapport à son réel pouvoir d'affranchissement (1,50 F). Ça ne l'empêche pas d'être un timbre officiel et il a, en tant que tel, sa place dans toute collection. Dans une présentation il est à utiliser avec précaution.
    Les émissions à surtaxe où cette dernière est trop importante et parfois même supérieure au pouvoir d'affranchissement.



  • Les blocs feuillets qui ne peuvent être acquis qu'en payant un supplément non négligeable par rapport à la somme des pouvoirs d'affranchissement des timbres qui le constituent (en général le prix d'entrée à une exposition philatélique).

  • Les séries complètes qui ne peuvent être acquises que de manière groupée à un prix supérieur au pouvoir d'affranchissement de ses timbres constitutifs. En règle générale, dans ce cas, un seul des timbres de la série est introuvable par les voies classiques et n'est accessible que par l'achat de la série. Dans ce cas seul ce timbre est considéré comme abusif.

    Ce type d'émission forcée était une spécialité des pays communistes de l'Europe de l'Est.

  • Les émissions spéciales actuelles qui consistent à mettre en vente, dans un format spécial (feuillet spécial ou autre) et avec des tirages volontairement limités, des timbres par ailleurs disponibles normalement en feuilles.


Bloc rouge-gorge
Le célèbre bloc "rouge-gorge" qui a, en son temps, défrayé la chronique ... et fait courir les philatélistes, rentre directement dans cette dernière catégorie


Sont aussi considérées comme abusives toutes les émissions dont les sujets n'ont pas de rapports directs avec le pays émetteur (par exemple un timbre-poste représentant un animal qui ne vit pas dans ce pays, une fête folklorique ou un événement qui ne le concerne pas, … des timbres représentant des nus académiques européens émis par des pays musulmans ).

… mais il est tellement difficile de résister à des timbres-poste qui rentrent "pile-poil" dans un thème donné et qui correspondent à un sujet par ailleurs difficile à illustrer.


►  SPÉCIFICITÉS DES MONOGRAPHIES

Dans le cas d'une monographie consacrée à l'étude d'un timbre-poste où à une série de timbres-poste il est évident qu'on peut présenter tous les documents où figurent la figurine étudiée. Le timbre-poste dans son format de distribution normal mais aussi dans tous les formats dans lesquels il a été mis en vente (blocs de toutes tailles, coins datés, paires avec millésimes, feuilles, roulettes, …).

Sont aussi acceptés sans aucune discussion tous les timbres dérivés du timbre type (timbres surchargés si celle-ci a une justification postale, timbres préoblitérés, etc.). On tolère même - mais il s'agit bien d'une tolérance - les timbres-monnaies réalisés à partir du timbre étudié … quand ils existent.

Entier pneumatique
Les entiers, sous toutes leurs formes (carte postale, carte pneumatique, bande de journaux, etc…), sont des compléments indispensables à une étude monographique … surtout lorsque les figurines qui les illustrent ont des types inexistants sur les timbres-poste.
Les entiers postaux officiels (imprimés par ou sous couvert d'un service postal officiel) sont, quand ils existent, des pièces de choix pour toute étude monographique. De fait ils sont de plus en plus recherchés.








Sont enfin acceptés tous les documents - par nature rares - qui ont servi à l'élaboration "amont" du timbre-poste (impression du poinçon, bon à tirer, essais de couleurs, maquettes diverses, épreuves de luxe, épreuves collectives, bon à tirer, etc.).

Épreuve de luxe
Épreuve de luxe
Essai semeuse lignée
Essai semeuse lignée
Pont du Gard - Epreuve poinçon
Pont du Gard : Épreuve du poinçon


Carnet 5c Blanc
Les timbres en carnets sont aujourd'hui très recherchés (en complément d'une monographie ou pour les éléments thématiques qui peuvent se trouver sur leurs couvertures)


Par contre les produits réalisés, à partir du timbre type, après coup, pour satisfaire à certaines motivations qui n'ont rien de postales doivent (devraient ???) être rejetés des présentations sans pitié … au grand dam de leurs propriétaires.

Citons parmi ses produits :

  • Non dentelés officiels
    Ils sont beaux, rares … et donc recherchés. Mais ces timbres non-dentelés n'avaient d'autre intérêt que de faire plaisir aux hautes autorités auxquels ils étaient distribués. Aucun rôle postal donc même si rien n'interdisait de les utiliser pour l'affranchissement. Cette pratique tenace (les philatélistes se les arrachaient) a disparu aujourd'hui.
    Les non-dentelés (spécialité française) réalisés en petit nombre pour être offerts à des hommes politiques ou a des hauts fonctionnaires.

  • Les feuillets et encarts de luxe ainsi que certains autres documents "officiels".

  • Les documents "philatéliques" de divers types réalisés à l'occasion de la mise en vente du timbre.

  • … les timbres à présentations spéciales qui font flores actuellement (… où on retrouve les émissions abusives précédentes).

De même, les timbres perforés à des fins de contrôle par les sociétés n'ont pas à être présentés (seuls sont acceptés les timbres perforés officiels type "EIPA 30" en France ... même si on est en droit de s'interroger là aussi sur leurs valeurs postales).





►  SPÉCIFICITÉS DES PRÉSENTATIONS "HISTOIRE POSTALE"

Dans une présentation de ce type la limite et toute aussi subtile même si, lorsqu'on s'en tient au règlement, elle est évidente : seuls devraient être présentés les plis et documents divers ayant été acheminés par un service postal officiel.

Une tolérance compréhensible est admise - sous réserve d'exposer précisément les justificatifs adéquats - lorsqu'il s'agit d'évoquer une période où les services postaux officiels ont fait défaut (ce qui constitue d'ailleurs généralement le fond de l'étude présentée).

Exemple : Les services postaux pendant la débâcle de mai-juin 1940 et plus généralement les études sur le fonctionnement des services postaux - plus ou moins de fortune - en périodes de guerre.


A contrario on devrait éliminer tous les plis "de complaisance" même si certains arrivent à leur trouver un intérêt historique.
Mais, si on applique à la lettre la réglementation, on risque de s'attirer les foudres d'un grand nombre de philatélistes qui verraient alors "fondre" la valeur de leurs collections.

On devrait donc éliminer de toute présentation d'histoire postale :

  • Les documents "Premier jour" de tous types qui sont pratiquement tous d'origine privée. Ils contiennent bien des éléments postaux (le timbre-poste et l'oblitération spécifique) mais le reste, tout le reste, est privé et il y a fort à parier que ces documents n'ont jamais été acheminés. Il est préférable de rechercher les "premiers jours d'utilisation" (et les "derniers jours") … surtout quand ils sont antérieurs - ou postérieurs - aux dates officielles.

  • Les plis "philatéliques" de tous types, surtout ceux alignant sagement tous les timbres d'une série sans tenir compte des tarifs postaux en vigueur.
    Il faut éviter en particulier les plis qui n'ont manifestement pas voyagé (certains n'ont pas d'adresse).

    Là commence la compromission car certains de ces affranchissements sont constitués par des timbres par ailleurs fort rares. Et puis ils sont "beaux", n'ont pas de tâches disgracieuses, … il n'est pas étonnant dans ces conditions qu'on en trouve malgré tout dans certaines présentations (et surtout dans les collections).

    Zeppelin Danzig
    Belle enveloppe, bel affranchissement, belles oblitérations, cachet spécial d'un vol Zeppelin … çà fait beaucoup !!! Mais l'affranchissement ne correspond à aucun tarif officiel. Mais c'est beau, ça plait … et donc çà se négocie relativement cher.


  • Les émissions qui sont le résultat d'une initiative privée … parfois "officialisée" a posteriori pour le plus grand bonheur de ceux qui sont à l'origine du "coup".
    On peut ainsi se poser certaines questions sur la légitimité de certaines émissions, en particulier dans les domaines de l'aérophilatélie, de l'astrophilatélie ou de la philatélie polaire.

    Pli Ile de France
    Les timbres surchargés confectionnés sur le paquebot Ile de France, qu'on trouve sur des enveloppes aujourd'hui très recherchées, ont-il réellement le droit de se voir honorer d'un numéro particulier dans les catalogues quand on connaît les conditions réelles de leur émission ???




►  SPÉCIFICITÉS DES PRÉSENTATIONS "THÉMATIQUES"

C'est dans ce domaine qu'il est le plus difficile de séparer le bon grain de l'ivraie.

D'abord, tout ce qui est applicable aux catégories précédentes l'est aux présentations thématiques (donc pas - ou peu - d'enveloppes "Premier Jour", ni de blocs-feuillet spéciaux, ni d'émissions provenant de pays - réputés pour leur intense production philatélique - pourtant si attrayants).

Mais le thématiste doit aller encore plus loin et exercer en permanence son esprit critique :

  • Il ne doit considérer que la partie "postale" de tout document susceptible d'être présenté même si c'est la partie privée du document qui peut venir enrichir le thème exposé (une image, un texte, une publicité ou une gravure privés imprimés sur le document, un entier repiqué, etc.).

  • Il ne doit présenter des blocs-feuillets que si les marges de ces derniers contiennent des éléments thématiques qui n'apparaissent pas sur les timbres eux-mêmes (auquel cas le timbre-poste suffit. Idem pour les couvertures de carnets officiels.

  • Machine à affranchir
    Les empreintes de machines à affranchir sont des sources pratiquement inépuisables de documents thématiques … mais elles sont parfois difficiles à trouver .
    Il doit par contre s'intéresser aux documents marcophiles officiels de tous types (oblitérations illustrées, flammes, empreintes de machines à affranchir, etc.) qui comportent des éléments thématiques intéressants et variés. Ces documents sont souvent difficiles à trouver car il n'existe souvent pas de catalogue les répertoriant.






  • Il peut aussi se pencher sur les entiers postaux classiques et les multiples entiers postaux émis dans certains pays. Mais il doit se méfier des nouveaux entiers rebaptisés PAP("prêt à poster") car la plupart d'entre eux sont des produits dus à des initiatives privées. Seuls les PAP officiels vendus par La Poste sont tolérés … mais ils sont souvent repiqués à des fins privées.

Tout le problème vient du fait que les règlements d'exposition "tolèrent" certains écarts aux règles édictées.
Ainsi on accepte dans une présentation "quelques" enveloppes "Premier Jour", "quelques" émissions abusives et "quelques" feuillets de luxe et autres fantaisies... Tout est dans le "quelque" et il est important de ne pas abuser de ces facilités. Surtout que ce qui sera accepté lors d'une compétition par un jury bienveillant risque de ne pas passer dans une autre compétition où le jury se montrera plus intransigeant.







    LES RÈGLES FORMELLES À RESPECTER


La phase de conception d'une présentation est l'aspect le plus important du processus. Mais "la forme", qu'on le veuille ou non, a aussi une importance certaine dans la phase de réalisation.
D'abord parce qu'elle est notée par les jurés et que cela peut faire gagner ou perdre quelques points précieux, ensuite parce qu'une belle présentation est gratifiante pour son auteur et enfin, et surtout, parce que - en dehors de toute considération purement philatélique - une belle présentation a quand même plus de chances que d'autres d'être lue et appréciée par le plus large public.


Feuille de présentation
Qu'il est agréable de parcourir une présentation où les différents éléments se complètent harmonieusement.




►  LES FEUILLES

Il n'y a pas de taille de feuille officielle. Tout au plus celles-ci doivent-elles pouvoir être présentées dans les panneaux de présentation si le montage est destiné à être exposé.

Dans les faits, la taille des feuilles peut varier entre 21 x 29,7 cm (format A4) et 24 x 32 cm (limite extrême pouvant poser problème). Pour les expositions compétitives, il vaut mieux exclure tous les formats spécifiques aux albums de timbres, qui sont souvent trop larges pour bien loger dans les cadres (par contre, on peut bien sûr utiliser ce type de feuilles pour les montages en albums). On autorise aussi les feuilles au format A3 en gardant à l'esprit que les cadres officiels ne permettent de contenir, sur une rangée, que 4 feuilles de format A4 ou proche ... donc aussi 2 feuilles A3, ou 1 A3 et 2 A4.

Le format A4 est le plus commun et le plus facile à utiliser aujourd'hui, ne serait-ce que parce qu'il correspond au format accepté par la plupart des imprimantes grand public, mais aussi parce qu’on peut le trouver dans de nombreux grammages (épaisseur de papier) et dans un assortiment de couleurs.

Penser aussi que les différentes feuilles devront être protégées dans des chemises en plastique et que, là encore, les chemises A4 sont de loin les plus aisées à se procurer. Il peut toutefois se révéler un peu juste pour des présentations qui utilisent beaucoup de documents de grande taille (lettres et entiers postaux). On peut alors le remplacer par des feuilles de format B4 (qui fait 24 x 28 cm), très fréquemment employées dans les pays anglo-saxons mais peu répandues en France, voire par des feuilles de format 24 x 32 cm.

Ces dernières sont moins faciles à trouver que celles au format A4, et sont trop grandes pour la plupart des imprimantes standard ; par ailleurs, elles se recouvrent légèrement dans le sens de la largeur dans un panneau de présentation.



Parmentier.jpg
Un fond crème permet de mieux faire ressortir les documents de fond blanc
►  COULEURS DES FEUILLES

Les feuilles de présentation doivent être de couleur claire. Le blanc est le plus communément utilisé mais une légère teinte crème ou grise est tolérée, voire appréciée. Ce type de couleur de fond permet souvent de faire mieux ressortir les timbres et surtout les documents ayant un fond blanc.











►  GRAMMAGES DES FEUILLES

Le papier utilisé doit être un peu fort afin de supporter les documents qui seront disposés dessus. Il devra pouvoir de plus être coupé (pour réaliser des fenêtres) sans difficulté et sans compromettre son maintien.

Le papier bristol constitue la limite haute en terme de grammage. Des papiers de 120 ou 160 g/m² s’avèrent en général suffisants. Une autre possibilité consiste à utiliser des feuilles de grammage ‘standard’ (80 g/m²), puis de les renforcer en leur adjoignant (par collage ou simple juxtaposition dans la pochette de protection) une feuille de 120 à 160 g/m² qui assure la tenue.



►  PROTECTION DES FEUILLES

Chaque feuille de présentation doit être protégée dans une chemise plastifiée transparente. Cela impose que la feuille ait une dimension adaptée.

Il est recommandé d’éviter d'acheter des chemises plastifiées qui ont une marge colorée à gauche avec des trous permettant de la ranger dans un classeur, ces marges restant souvent visibles lors des montages en cadres d’exposition. Eviter aussi celles qui sont de trop mauvaise qualité (lot "par 100" premier prix), car elles ont tendance à se froisser et ne sont pas complètement transparentes. Préférer également les chemises sans plastifiant acide, pour ne pas altérer les timbres et les documents lors de stockages prolongés.

Il est fortement conseillé - et même de plus en plus souvent obligatoire - de coller sur chaque feuille (ou sur chaque chemise plastifiée), en haut et à droite, une pastille sur laquelle le numéro de la feuille est indiqué … afin de faciliter le placement des documents lors du montage par les équipes chargées de préparer une exposition.



►  LE TEXTE

Le texte proprement dit :

Une présentation est un exercice rédactionnel visant à expliquer quelque chose. De ce fait, un texte explicatif doit accompagner la présentation et être réparti au fil des feuilles pour guider le lecteur intéressé par le sujet présenté.

Il fut une époque, celle où la "monographie" était reine, où le texte était réduit au minimum, essentiellement constitué de légendes succinctes – techniques … et souvent cabalistiques pour les non-initiés ! - accompagnant les différents documents. Aujourd'hui la multiplicité des sujets abordés impose des explications un peu plus élaborées.

Il ne faut pas toutefois tomber dans l'excès et, en dehors de la première page qui expose le sujet traité, et éventuellement de celles démarrant une nouvelle partie, le texte ne doit pas paraître "manger les images". Il faudra toujours résister à la tentation de trop chercher à expliquer, ce qui a pour effet d'imposer des "pavés" de texte souvent indigestes.

Bien sûr - et c'est tellement évident que l'on ne s'étendra pas dessus - il faut que le texte soit rédigé dans le meilleur français et que les règles d'orthographe soient scrupuleusement respectées (d'où l'utilité de faire relire son projet par une autre personne). La rédaction par ordinateur génère par ailleurs des fautes de frappe, qu'il faut aussi éliminer par plusieurs lectures.

Il est par contre parfois utile de distinguer deux sortes de textes : les explications philatéliques (par exemple tarifs, date de mise en service, etc.) et les explications historiques, thématiques ou autres. Il est facile de différencier ces deux types de commentaires par une typographie adaptée (par exemple en utilisant des caractères normaux pour les textes historiques et des caractères italiques pour les textes philatéliques). On peut aussi utiliser, avec les moyens d'édition modernes, une autre police de caractères. Ceci permet au lecteur de se repérer aisément dans les pages et d’aller directement à ce qui l’intéresse au premier chef.

Penser à mettre en place une numérotation des parties et de ses composants. Cette numérotation sera reprise dans la table des matières décrivant le plan.




feuille de présentation
Sur cette feuille les informations strictement philatéliques sont écrites en italique. Elles doivent rester succinctes.


Les titres :

Une présentation est subdivisée en parties et souvent en sous-parties... voire en sous-sous-parties. Il ne faut pas abuser d'une hiérarchisation trop poussée car, au lieu de simplifier la compréhension de l'ensemble elle risque de la complexifier. Généralement une hiérarchisation à trois niveaux devrait être suffisante. Elle doit s'accompagner de la rédaction de titres, sous-titres, etc. adaptés à chaque niveau.

Les titres de parties devront être écrits dans une police de taille supérieure à celle utilisée pour les sous-titres, elle-même supérieure à celle utilisée pour les titres de niveau inférieur, etc. Le titre de niveau utilisera généralement la taille de la police du texte accompagnant les documents (mais elle pourra être en gras et/ou soulignée alors que le texte utilisera la police normale). Cette simple recommandation impose de limiter le nombre de niveaux hiérarchiques, au risque d'avoir des titres de dernier niveau (et donc le texte associé) illisibles car trop petits, ou des titres de premier niveau trop gros. Plus la police utilisée est grosse, plus le titre doit être concis pour ne pas déborder sur une deuxième ligne.

      Exemple simplifié :



Les polices de caractères :

Il ne faut pas oublier qu'une présentation est destinée à être vue ... et lue. En conséquence il faut que le texte rédigé soit lisible. À moins d'être un calligraphe émérite, la constitution de feuilles de présentation doit être faite à l'aide d'un ordinateur, seul moyen de garantir une qualité d'écriture satisfaisante.

Qui dit ordinateur dit utilisation d'un logiciel de traitement de texte, qui met à la disposition du rédacteur un certain nombre de polices de caractères. Celles qui seront choisies devront avoir les caractéristiques suivantes :

  • Être suffisamment grandes : préférer une police de taille 12, et ne pas descendre au-dessous de 10 (sauf pour certaines polices à grandes fontes).

  • Être lisible. Il faut donc éviter les polices trop chargées (comme les polices de la famille Gothique à graphie trop complexe) ou psychédéliques. Éviter aussi celles qui ont des empattements trop importants car elles sont aussi moins lisibles à une certaine distance. Moins la police a d'empattement, plus elle peut être réduite.

    La police Arial (ou Helvetica) est une bonne candidate pour garantir une bonne lisibilité aux présentations.

Dans une présentation on utilise souvent 2 polices de caractères, ou en tous cas deux graphies différentes.

  • Une est réservée au texte de la présentation proprement dit (celui qui fait avancer la narration au fil des pages).

  • L’autre est réservée aux indications techniques et/ou complémentaires à connotation beaucoup plus philatélique : légendes des documents, explications d'un tarif, etc.

On pourra pour cela utiliser deux polices différentes (par exemple Arial et Times New Roman) ou la même police en deux graphies distinctes (par exemple une police Arial 12 pour le texte et la même police mais en italique et de taille 10 pour les descriptions plus techniques). Il est possible d'utiliser une 3° police spécifiquement dédiée aux titres, mais c’est le maximum absolu acceptable, au risque d’aboutir à un document très désagréable à lire. Les possibilités offertes par l'ordinateur sont infinies – attention à ne pas en abuser !


Les textes sont très généralement imprimés en noir, couleur la plus lisible. Il est possible d’utiliser d’autres couleurs, en particulier pour les titres, mais celles-ci doivent rester foncées pour offrir un contraste suffisant avec le fond de la page de présentation. Il n’est pas interdit de faire preuve d’un peu d’imagination, mais là encore la règle de base est la lisibilité. Un peu d’originalité ne nuit pas, tant qu’elle n’est pas ostentatoire !



encadrement
Liseré encadrant une empreinte mécanique
Encadrement des documents :

Du temps où les feuilles de présentation étaient réalisées à la main la tradition voulait que les documents présentés soient entourés d'un liseré fin, à quelques millimètres autour du document. Il faut se rappeler que cet usage s'est généralisé à une époque où la plupart des présentations étaient des monographies et où les timbres présentés étaient fixés aux feuilles à l'aide de charnières.


Aujourd'hui les choses ont changé : la plupart des présentations mélangent un grand nombre de documents ... et puis, il y a les pochettes de protection transparentes ! De ce fait on peut se poser la question de savoir s'il est toujours obligatoire d'encadrer les documents avec ce liseré, difficile à réaliser parfaitement, même avec un ordinateur (le document n'est pas souvent bien centré ou alors il est trop gros ou trop petit par rapport à son encadrement ; dans ce domaine un millimètre de trop ou de moins "saute aux yeux").
D'autre part, la généralisation du format A4, plus petit que les formats utilisés auparavant, fait que certains documents (lettres) encadrés par ce liseré rentrent plus difficilement dans l'encadrement de la feuille.

feuille de présentation
Présentation avec utilisation de pochettes transparentes à fond noir pour les timbres


Il faut donc encore une fois faire preuve de bon sens et, par exemple, s'appuyer sur les règles suivantes :

  • Les timbres, seuls ou en blocs, seront présentés sous pochettes. Si celles-ci sont à fond noir, il n'est pas nécessaire de réaliser un liseré complémentaire. Penser toutefois à découper les pochettes en laissant une marge bien régulière, mais fine, pour éviter le syndrome du "faire-part de deuil" qui risque, sinon, d’envahir vos pages. On peut également utiliser des pochettes à fond transparent, en particulier si la page support est teintée. Les timbres et documents ressortent alors très bien, avec ou sans liseré d’encadrement.

  • Les fragments de documents (présentés tels quels ou grâce à l'utilisation de fenêtres découpées dans la feuille) gagnent à être entourés d'un liseré.

  • Les lettres devraient être encadrées mais leur taille ne le permet pas toujours. On peut toutefois leur appliquer (ainsi qu’aux fragments de documents montés à plat) le même principe que celui des pochettes autour des timbres en les montant sur une feuille de couleur vive, découpée de manière à laisser un mince filet autour du document et collée sur la page support.
    Donnant des résultats extrêmement esthétiques quand elle est parfaitement maîtrisée (ce qui demande du temps et de la patience pour le montage) ... cette technique ne supporte guère la médiocrité dans la réalisation !

Quel que soit le choix fait par le collectionneur concernant l’encadrement des pages et/ou des documents, ce choix devra être impérativement respecté tout au long de la présentation. Rien n’est plus inesthétique qu’un ensemble hétéroclite associant pages encadrées et non encadrées, qui donne une impression de montage bâclé.


Les nombres magiques :

Une présentation est constituée d'un certain nombre de feuilles. Pour celles destinées aux expositions compétitives, le nombre de feuilles exposé devra être un multiple de 12 (voire de 16 pour les expositions nationales et internationales).
Les cadres d’exposition utilisés lors des expositions locales, départementales, régionales contiennent 12 feuilles de format A4 ou approchant chacun, réparties en trois rangées de 4, alors que les cadres utilisés en nationale et en internationale comportent désormais 16 feuilles (quatre rangées de 4).


Mis à part les présentations de la classe "1 cadre", qui concernent surtout des sujets restreints ne se prêtant pas à un développement plus étendu, les présentations exposées en compétition doivent comporter au minimum 36 feuilles (3 cadres de 12) au niveau départemental, 48 feuilles (4 cadres de 12) au niveau régional et 64 feuilles (4 cadres de 16) au niveau national.

Il n'est pas toujours aisé de s'arranger pour que la présentation fasse le nombre souhaité de feuilles (36, 48 ou 60 par exemple) car il faut essayer de faire en sorte que :

  • Les différentes parties de la présentation démarrent en haut d'un cadre.

  • Les différentes sous-parties démarrent au début d'une ligne de feuilles.

Ceci pour des raisons essentiellement esthétiques qui permettent de distinguer plus facilement les différentes parties de la présentation. Cela peut avoir pour effet induit qu'on sera parfois tenter de "délayer" certaines sous-parties sur 4 feuilles alors que la "matière" n'aurait occupé que 2 ou 3 feuilles (avec le risque que ce délayage soit sensible et remarqué par les jurés) ou alors, au contraire, qu'une sous-partie soit concentrée sur 4 feuilles alors qu'il en aurait fallu 6 pour bien la traiter. Encore une fois, chercher à faire coïncider les débuts des parties avec des hauts de feuille est un idéal à atteindre ... mais comme tout idéal, il n'est pas souvent atteignable et il vaut mieux ne pas déséquilibrer la présentation en tentant de s'y plier coûte que coûte.


Enfin, toujours dans le même ordre d'idée, il faut placer les pièces les plus intéressantes aux emplacements les plus visibles d'un panneau, soit les feuilles du milieu. C'est à dire que, idéalement, de telles pièces doivent se trouver au milieu des 2° ou 3° rangées d'un panneau. Le 1° panneau est encore tolérable mais il faut éviter à tous prix le 4° panneau qui oblige à se pencher.



Équilibre global des feuilles :

Finissons par une dernière notion, elle aussi assez subjective : celle de l'équilibre des pages présentées.

Les règles suivantes, issues de l'expérience acquise à l'issue de nombreuses présentations, doivent être appliquées :

  • Ne pas trop surcharger une feuille : une douzaine de timbres au maximum sur une feuille ou deux documents importants (entier ou enveloppe).

  • Privilégier la mixité, quand cela est possible, au sein d'une feuille : il vaut mieux deux feuilles contenant des timbres et des enveloppes ou des flammes qu'une feuille ne contenant que des timbres suivie d'une autre ne contenant que des enveloppes.

  • Les documents les plus "lourds" (en terme de surface occupée) doivent se situer en bas des feuilles. Le haut étant réservé - si on respecte la règle précédente - aux timbres et aux documents de plus petites tailles (timbres et flammes).

Bien sûr cela n'empêche pas les variations dans les positionnements relatifs afin que l'ensemble ne soit pas trop figé.


feuille de présentation
Feuille contenant un timbre, 2 fragments illustrés par des flammes et un carnet. Mixité presque optimale de différents éléments philatéliques.







Tous ces conseils, qui peuvent paraître fastidieux lorsqu'on les énumère, sont en fait des règles de bon sens qu'on retrouve peu ou prou dans d'autres domaines d'activités en particulier ceux qui ressortent du domaine de la publication, de quelque type qu'elle soit.

Le fait de s'y conformer est la garantie qu'une présentation sera agréable à lire et il sera donc plus aisé à une personne qui s'y intéresse de s'immerger et de suivre le "fil condicteur" de l'histoire qui lui est racontée.




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